Bienvenue sur ce blog très intime.Ce blog a vu le jour peu après la naissance de mon fils Timothée.

Timothée est né, sans vie, le 25 mai 2007 à 37 semaines de grossesse.

Telle une porte ouverte sur mon âme meurtrie, vous y trouverez les mots que j'adresse à mon fils.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires. Ils m'aideront à cheminer.


vendredi 9 novembre 2007

Laisser ma souffrance prendre sa place.

Mon p'tit gars, mon fils,

Ta mort me fait souffrir. Ce n'est évidemment un secret pour personne. Souvent je me demande que faire de cette souffrance ?

Je l’ai refusée. Légitimement. Ton départ était trop insupportable. J’ai fermé les yeux, pour éviter la folie. J’ai bien compris que continuer à le faire était encore plus douloureux. Tous les jours, je me cognais à la réalité de ton absence. Ca faisait encore plus mal.

Refuser ta mort m’a permis de lui dessiner des contours…C’était le seul moyen dont je disposais pour la reconnaître.

J’ai tenté de l’accepter…Elle reste pourtant inacceptable. Dire l’inverse serait me mentir. L’accepter serait le mensonge de la belle âme qui voudrait trouver bon le coup qui vient de lui être porté. J’ai cherché des coupables : le gyné, le destin, Dieu, moi…croyant me délivrer par un appel à la révolte contre l’injustice du sort. Je ne faisais que m'engager dans la voie du pourrissement.

Il ne me reste plus qu’à l’affronter. Non pas essayer de comprendre comment on en est arrivé là…Mais, me laisser transformer par le contexte nouveau que je ne pouvais prévoir et qui s’impose à moi. Se pose alors à moi une autre question : comment arriver à vivre, à rire sans avoir à chaque fois l’impression de t’être infidèle, sans avoir peur de t’oublier? Ce ne sera pas un oubli qui t’efface…au contraire. Ce sera un oubli qui te maintient, dans les couches les plus profondes de mon être, dans une sorte de nappe phréatique de ma propre terre.

Cette souffrance m’a fait perdre quelque chose de ma maîtrise. Je pensais qu’il suffisait de décider d’avoir un enfant, de le concevoir ... Belle illusion ! J’avais oublié que la vie est fragile. J’ai perdu mon rêve de toute puissance. Ma peau a perdu de son épaisseur…Je me sens dorénavant tellement frêle….

Pourtant, dans un même mouvement, les choses se colorent autrement. Ta mort a renouvelé mon regard, m’a rendue plus humaine, m’a remise à ma place d’étoile qui cherche sa galaxie….

samedi 6 octobre 2007

Merci pour ce doux murmure

"Les anges, c’est cette meilleure part de nous qui s’exprime à travers chaque acte de notre quotidien. (…) Nos anges sont là pour nous guider et nous permettre d’aller plus loin, toujours plus loin que là où nous pensions aller. Ils nous font accéder à plus de lucidité, à plus de joie, à plus de liberté. Ils nous ouvrent à la lumière et à la beauté de l’univers, afin que nous mettions en lumière notre propre beauté.

Pour atteindre cette lumière, il faut nous libérer de tout ce qui leur fait de l’ombre. Nos démons nous interdisent leur accès : nos peurs, notre manque de confiance en nous-mêmes et, par conséquent, dans les autres, dans la vie. Nous ne pouvons pas nous ouvrir à la parole de l’ange, apprendre à l’écouter si nous restons enfermés dans le doute et l’incrédulité. Comme on ne peut rien entendre des douceurs et des conseils qu’il nous murmure dans le tumulte et le brouhaha de nos pensées désordonnées. C’est dans le silence de nos âmes accordées, dans la certitude d’un acte qu’il nous faut accomplir, dans la beauté du geste le plus juste que nous rencontrons sa présence.

Nos anges nous accompagnent. Soyons à leur écoute. Accueillons-les, partout où ils se présentent, quelle que soit leur façon de se présenter à nous, quand il leur plaira, comme il leur plaira. Faisons-leur l’honneur d’être là, et non l’affront de les ignorer, quand ils ont la générosité et la délicatesse de nous faire des signes. Ne les attendons pas ; allons simplement à leur rencontre. Soyons toujours prêts à leur sourire et à les remercier d’avoir pensé à nous."

Catherine Bensaïd, extrait du livre La musique des Anges.

La boucle est bouclée

Le 06 octobre 2006….Je me souviens, c’était un vendredi.

Deux jours auparavant, nous recevions un couple d’amis. Toute la journée, ils s’étaient tus, ils avaient gardé leur secret. Le soir venu, bouillonnants, la bouteille de champagne à la main, ils nous annoncent la merveilleuse nouvelle : petit Victor est là, bien au chaud dans le ventre de sa maman. Nous nous attendions à tout sauf cela. Ils se connaissent depuis peu. Ils n’ont jamais parlé d’avoir un enfant. Mon étonnement est à la mesure de la surprise : gigantesque ! Je suis heureuse pour eux, sincèrement, authentiquement. N’ignorant pas notre galère, ils ont beaucoup hésité à nous l’annoncer. Depuis 10 mois que nous essayons d’avoir un enfant, c’est la première fois que je peux accueillir une telle nouvelle, sans envie, sans amertume. Ils sont ravis. Même moi, je suis très étonnée de ma réaction. Ton père est très ému, son meilleur ami, son ami d’enfance, cet être exceptionnel à ses yeux va être papa !

Le surlendemain, au petit matin, en boule dans mon lit, je pleure. Ce sont des larmes de rage, d’envie, de désespoir. Pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi je n’ai pas le droit d’être maman, comme des milliers d’autres femmes sur cette terre ? Ton père n’a pas de réponse. En guise de réconfort, il me serre dans ses bras. Nous nous aimerons très fort ce matin là….

Ce matin du 06 octobre 2006, tu t'es logé dans mon ventre, tu as fait de nous des parents….

Un an plus tard, jour pour jour, telle une ironie du sort, c’est la fête des anges ! Je ne sais quoi penser de cette coïncidence de calendrier.

Nous n’irons pas à cette fête. Nous avons fait ce choix. Nous ne sommes pas prêts. Par pudeur, par peur... Un ballon s’envolera pour toi, petit bout de nous.

Voici le petit mot qui accompagnera ton ballon :

Timothée,

Un ballon, Une bulle, Une pensée…

Un ballon comme le ventre de ta maman, il n’y a pas si longtemps de ça

Un ballon comme celui avec lequel tu aurais joué avec ton papa

Ce sera là-haut que tu t’en serviras

Un ballon,

Une bulle, comme celle de chagrin qui nous sert la gorge quand nous pensons à toi.

Un ballon, une bulle,

Une pensée d’amour qui ne nous quitte pas.

Ton papa et ta maman qui t’aiment.

mardi 25 septembre 2007

Quatre mois....

Quatre mois que la terre s'est ouverte sous nos pieds...

Quatre mois qu'une météorite nous est tombée sur la tête....

Quatre mois que nous essayons de vivre sans toi....

Quatre mois que nous te pleurons....

Quatre mois...

C'est si peu dans une vie...

Quatre mois sans son enfant,

Pour nous tes parents, c'est une éternité…

Reçois tout notre amour, petit soleil,

Papa et Maman

samedi 25 août 2007

Coup de tonnerre dans un ciel serein

Il y a trois mois, à cette heure précise, ton père et moi discutions tendrement de notre petit bonhomme sur un banc au fond du parc de la maternité. Il faisait chaud, moite. La journée avait été longue. J’avais accouché. Tu étais sorti de mon ventre. Malgré l’énorme tristesse qui nous habitait, nous étions étrangement soulagés. La nuit était belle. Sans s’annoncer, le vent s’est très vite levé. De majestueux arbres devant nous se sont mis à danser au rythme des bourrasques. Les grondements se faisaient entendre au loin. L’orage approchait à pas de géants. Je n’aime pas l’orage. J’en ai peur. Pourtant, il ne me plaisait pas de bouger, de rentrer m' abriter. Nous avions besoin d’être au contact de la nature, loin des chambres de l’hôpital, loin de tout. Et puis...que pouvait il nous arriver ? Qu’y avait il de pire que ce nous venions de vivre? Tandis que la nature commençait à se déchaîner tout autour de nous, les mots furent inutiles. C’était limpide. Ce n'était pas un caprice météorologique ! C’était toi qui te manifestais ! Un orage apocalyptique….à la mesure de ce que tu as pu bouleverser nos vies.

vendredi 24 août 2007

Mon premier....

Bonjour petit bouchon.

Voici bien longtemps que je ne t’ai plus écrit. J’ai dû, pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler, approcher, ce que certains appellent l’enfer. Ai-je touché le fond ? Je n’en suis pas certaine.

Tu étais dans mes pensées à tous les instants. Beaucoup trop même. Le moindre détail me ramenait à toi, ton départ, mon manque. Ca a fait couler plus de larmes que d’encre.

Je vais mieux depuis trois petits jours. J’en savoure chaque minute.

Aujourd’hui est un jour particulier : mon premier anniversaire….en tant que maman.

C’est grâce à toi mon fils.

Je t'aime petite étoile.

jeudi 2 août 2007

Bon voyage Timothée

Mon petit cœur,

Quelque chose me chiffonne depuis plusieurs jours. Cela éveille chez moi de la confusion, voire de la honte.

J’ai accepté assez vite que ce ne serait pas avec toi que je pourrais endosser mon rôle de maman qui pouponne. Tu es celui qui m’a permis de me sentir mère, de goûter à cet amour inconditionnel, de faire taire mon ambivalence face à la maternité. Oui, je veux être mère ! C’est grâce à toi que l’équivoque n’est plus.

Toutefois, très narcissiquement, je ressens le besoin d’être restaurée dans mon rôle de « mère comme les autres », celle qui prend soin de son enfant. Le mien. Pas celui d’une autre ! Penser aussi tôt, aussi compulsivement à une prochaine grossesse, n’est-ce pas un peu t’oublier trop vite ?

Très difficile de composer avec cette culpabilité sournoise qui me grignote !

Hier soir, avant de m’endormir, en pensant à toi, j’ai ressenti quelque chose de bizarre. Un sentiment de rupture, de lien qui se brise. Comme un fil qui se rompait malgré moi. Comme si tu avais décidé de t’éloigner de moi. Je me suis soudain sentie plus légère et en même temps terriblement nostalgique.

Prends ton envol mon tout petit. Je pense à toi.

jeudi 26 juillet 2007

Oh maman si le ciel pouvait t’entendre !

Enorme cafard ce matin. Ta grand-mère (ma maman) m’a envoyé un petit mot hier soir très tard. Elle était très triste. Deux mois déjà …me rappelait-elle. Elle aussi pleure ton départ. Elle aussi regrette de ne pas pouvoir te dorloter, te pouponner, m’aider à t’éveiller à la vie. S’ajoute à cette inconsolable tristesse la peur pour ma santé. Peur d’une mère pour son enfant. Sentiment que je ne ressentirai jamais pour toi mon tout petit.

(…)

« Je viens de recevoir le résultat de l’anatomopathologie de votre placenta. On retiendra essentiellement la présence d’une hémorragie de la paroi des deux artères ombilicales avec deux infarctus multiples récents au niveau du placenta. Je pense donc qu’il faudra retrouver, au niveau de ces phénomènes d’hémostase perturbée, l’origine de l’événement que vous avez vécu. Comme je vous l’avais dit il y aura lieu lors d’une prochaine grossesse, de vous placer dès le départ sous aspirine junior ou cardio-aspirine pour éviter que des phénomènes de thrombose ne surviennent à nouveau. » …Voilà les explications médicales de ton départ et les recommandations pour la prochaine grossesse.

Des mots qui effrayent ta grand-mère….qui ravivent trop de mauvais souvenirs : l’angine de poitrine de ton grand père en 2001, son infarctus en 2004 (parce qu’il n’avait pas pris ses médicaments). Sans parler de ton arrière grand père qui en est mort à 54 ans à peine. Méchantes prédispositions familiales qui compromettent ma santé.

Ta grand-mère me supplie de ne pas mettre une seconde grossesse en route sans avoir fait d’examens complémentaires. Elle ne veut pas de Timothée bis….Elle garde toutefois confiance en la vie, est persuadée qu’un petit bout sera un jour dans nos bras.

Oh maman si le ciel pouvait t’entendre !

La foi en la vie me lâche ces derniers jours. De terribles émotions me traversent, aussi morbides les unes que les autres.

Je t’aime maman.

mercredi 25 juillet 2007

Deux mois....

Petit bouchon,

Deux mois….voici deux mois que tu es sorti de mon ventre. Le soleil est au rendez-vous comme ce vendredi 25 mai où j’ai accouché.

Je crois que je commence à comprendre ce que j’ai lu dans ces témoignages de maman qui ont perdu leur enfant : la vie continue insolemment et ce vide est bien là, beaucoup trop présent.

(…)

Nous avions décidé, ton père et moi, de nous retirer deux jours dans une abbaye. Nous recueillir dans le calme, tenter de puiser dans cet environnement, un peu de sérénité, de paix intérieure. Nous avons effectivement trouvé le calme mais l’austérité de l’endroit a réveillé chez moi de mauvais souvenirs….réminiscences de cette éducation judéo-chrétienne étriquée qui a bercé mon enfance et mon adolescence. Je ne sais pas si c’était les dates ou le contexte mais je me suis endormie avec le film de cette douloureuse semaine à l’hôpital qui défilait dans ma tête. Le lendemain matin, ton père me confiait que lui aussi n’avait eu cesse de penser à toi avant de s’abandonner dans les bras de Morphée.

Le repas de midi se prenait en silence. Pendant que j’observais le cadre, les moines, j’ai senti une terrible colère monter en moi : comment ce fameux Dieu pouvait-il laisser faire une chose pareille ? Au nom de quoi se permettait-il de t’arracher de mon ventre ? Cette profonde injustice me coupait l’appétit.

Deux secondes j’ai imaginé partager avec l’un de ces moines mon ressenti. Cette idée s’est envolée aussi vite qu’elle n’est apparue. Qu’allaient-ils pouvoir comprendre, me dire ?....Que Dieu t’a rappelé à lui, que tu es à ses côtés, que je peux être rassurée car il est Amour ? Sans vouloir prétendre rivaliser avec ce fameux Dieu, moi aussi j’étais pleine d’amour pour toi. Vraisemblablement il l’était plus que moi, c’est Dieu qui a gagné. Il ne me restait plus qu’à m’incliner…

Un imposant Christ en bois, crucifié sur sa croix, dominait la salle du repas. A l’aube de mes 33 ans, comme lui, j’avais entamé l’ascension de mon Golgotha, comme lui, on m’avait crucifiée ! Eloi eloi lama sabachthani, a-t-il crié sur la croix. Moi aussi je voulais hurler : Pourquoi fils, m’as-tu abandonnée ?!

Du souvenir que j’ai de mes cours de catéchisme, ce Jésus a demandé à son père qu’il pardonne à ceux qui l’avaient crucifié…ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, paraît-il. Cela signifie-t-il que je doive à mon tour pardonner à ce Dieu qui me crucifie ? Se rend-il compte de la souffrance qu'il me fait endurer ? Est-ce que lui sait au moins ce qu’il fait ?

En ce jour, Dieu…je te hais !

dimanche 15 juillet 2007

La vie ne s'attarde pas avec l'hier

Vos enfants ne sont pas vos enfants.

Ils sont les fils et les filles de la Vie en nostalgie d’elle-même.

Ils viennent par vous mais non de vous.

Et même s’ils sont avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

A vous de leur offrir votre amour, non vos idées,

Car ils ont, eux, leur propres idées.

Il vous revient de donner refuge à leurs corps, non à leurs âmes.

Car leurs âmes habitent le séjour de l’avenir que vous ne sauriez visiter même en rêve.

A vous de faire l’effort de leur ressembler, mais n’essayez pas de les rendre semblables à vous.

Car la vie ne revient pas en arrière.

Et ne s’attarde pas avec l’hier.

(…)

Le Prophète.

Khalil Gibran.

mercredi 11 juillet 2007

Des larmes en guise de mots

Mon tout petit,

Plus de deux heures que je suis devant cet ordinateur. Deux heures que je tente de mettre des mots sur ces larmes qui coulent depuis mon réveil. Rien ne vient. Juste des larmes. Une montagne de mouchoirs usagés commence à s’ériger à mes côtés.

J’aimerais tellement te serrer dans mes bras, te caresser. Quand je regarde ta photo, mes mains voudraient t’extirper hors de cet écran pour t’emmener très loin.

Tu me manques petit bouchon.

lundi 9 juillet 2007

Hasards et coïncidences de la vie...

Mon cœur,

Cela faisait presque une semaine que je me sentais un peu mieux, presque sereine. J’avais rendez vous ce matin chez mon gyné, ce monsieur qui t’a aidé à sortir de mon ventre. Retourner dans son cabinet avec cette masse de souvenirs encore si frais ne m’enchantait guère mais je me réjouissais de le revoir.

Je n’attendais pas grand-chose de ce rendez-vous. Avoir des explications médicales sur ton départ ne soulage pas ma peine. Tu n’es plus là physiquement. C’est avec cela que je dois composer maintenant. Je souhaitais secrètement qu’il me rassure sur ma santé, sur ma capacité physique à accueillir ton petit frère ou ta petite sœur. Il l’a fait.

Pour m’examiner, il m’a demandé de m’installer sur la table, devant cette télé. Celle où ton papa et moi avons pu te voir. Un autre bébé, âgé de 10 semaines, apparaissait sur l’écran. L’image datait du 04 juillet à 8h23. Je regardais l’écran sans émotion particulière, jusqu’à ce que je lise le nom de la maman dans le coin supérieur gauche de l’écran. C’était le bébé de ma collègue ! Celle qui partage mon bureau au boulot ! Je ne savais même pas que nous avions le même gynécologue, encore moins qu’elle était enceinte.

Je comprends mieux …

Elle m’a téléphoné ce fameux mercredi 04 juillet. Nous avons parlé du travail, de comment ton papa et moi vivions ton départ. Malgré notre longue conversation, elle voulait qu’on se voie le lendemain avant qu’elle ne parte en vacances. J’ai décliné l’invitation car j’avais autre chose de prévu. Je n’ai pas pensé lui demander comment elle allait. Maintenant, c’est plus clair :

…Elle souhaitait me l’annoncer en personne…

Les bizhasards de la vie….C’est hallucinant mais celui-ci n’a rien de marrant.

Je sens ce mélange amer de joie, de tristesse, de nostalgie, d’envie qui monte en moi.

Moi qui espérais que le travail m’aiderait à me changer un peu les idées.

Ce ne sera pas facile de la voir s’arrondir jour après jour devant moi.

Je n’ose pas trop y penser.

La vie a décidé de ne pas ménager ta maman.

Je t’aime.

vendredi 6 juillet 2007

Tout est possible

J'aime ce texte.

TOUT EST POSSIBLE

Quand tout te semble irréel. Et, qu'une chape lourde comme le plomb recouvre ta tête et tes épaules pesamment. Quand tu veux t'étendre en pensant ne jamais plus te relever car toutes tes forces se sont liquéfiées. Quand les larmes ne coulent même plus car elles sont endiguées sur le bord de tes paupières et qu'elles stagnent dans la mare de ta désespérance... Oui, quand ta nuit est opaque et que la peur t'étreint le coeur... C'est alors, que ta seule issue est de t'abandonner à quelqu'un ou à quelque chose de plus fort que toi. Tu ne sais pas dire Son nom car tu es comme un pantin désarticulé mais le seul fait d'élever ta pensée est déjà une prière en soi qui prend des allures d'arc-en-ciel!

Oui, tout est possible tant que tu ne te replies pas sur ta peine envahissante tel le foetus en mal de grandir dans l'habitacle de chair devenue trop petite pour lui. Oui, tout est possible si tu attends patiemment comme la chenille de devenir papillon et de déplier tes ailes fripées pour ensuite prendre ton envol. Car, il n'y a pas loin entre ce qui paraît "être" et la vraie réalité! Oui, les apparences sont parfois bien trompeuses...

Tout est possible si tu te donnes du temps. Du temps pour te ressaisir, du temps pour grandir même si c'est petit à petit et que les minutes te semblent des heures! Ce temps ne se mesure pas... Ce temps ne se soupèse pas. Il peut durer le temps d'un orage violent comme il peut se faire brouillard envahissant et pesant... L'important c'est de croire que le soleil va revenir te réchauffer et te faire voir les belles couleurs du paysage de ta vie! Un soleil t'invitant à sortir de ton ombre pour à nouveau marcher dans la lumière!

Tout est possible quand tu comprendras vraiment qu'il y a un monde que tu ne peux saisir. Un monde qui est là mais qui ne t'es pas encore accessible. Un monde où celui ou celle que tu côtoyais est déjà en train de goûter avec plénitude! Tout est possible si tu te donnes la chance d'aller au fond de ton âme pour la sonder et lui donner la chance de s'apprivoiser à ce grand vide qui saura bien se combler matin après matin. L'oiseau reviendra te ravir et la lune brillera à nouveau sur ta vie qui te semble mystérieuse comme la nuit!

Tout est possible si tu fais tomber les barrières qui te limitent et si tu sais contourner le fossé de tes peurs ancrées. Les illusions sont des barrières qui ne demandent qu'à être repoussées les unes après les autres. Tout est possible si tu fais comme si tu tenais une orange dans tes mains. Une orange dont tu dois prendre le temps d'enlever la pelure pour en déguster le fruit-soleil et t'abreuver de son jus!

Mourir à ce qui était. Mourir à ce qui ne sera plus. Mourir pour mieux ressusciter! Recommencer à respirer sans suffoquer. Dormir enfin d'un sommeil plus léger. Avoir faim et avoir soif sont des actions qui reprendront leur rythme mais il ne faut rien bousculer car il y a un temps pour chaque chose et une réconciliation avec la vie ne se fait pas du jour au lendemain!

Donne-toi le temps de dire ta peine, de la crier, de l'écrire, de la sangloter. Peu importe la manière dont tu t'y prendras mais fais-le car elle se retournera vers toi... Ne te retiens pas car plus vite elle sortira et plus vite tu grandiras et te libèreras!

Donne-toi du temps pour te reconquérir. Regarde en avant et prends à pleines mains l'héritage qu'on t'a laissé en partant. Donne-toi l'opportunité de faire la découverte de ce que contient ce coffret si précieux qui n'appartient qu'à toi maintenant. Tu y trouveras un fou rire, un baiser passionné, un mot blessant, une grimace, une poignée de main chaleureuse ou une caresse d'une menotte d'enfant... de doux souvenirs mais parfois aussi des larmes bijoux!

Oui! Tout est possible si tu sais t'étreindre et bercer l'enfant blessé en toi. Écoute sa chanson et lève tes yeux vers les nuages car tu y verras passer la colombe qui saura te laisser son message de paix intérieure par-delà tout ce que l'on peut dire ou te faire accroire... Tout est possible si tu restes à l'écoute de l'impalpable et du mystère de ce départ!

Ne dit-on pas que l'Essentiel est invisible pour les yeux? Moi, je te dis que rien ne se perd et que tout se crée. La vie est une rose que tu as à apprivoiser et tu es responsable de la façon de la saisir et de la humer... C'est mon ange qui me l'a dit! Bientôt ce sera le tien qui te dira son secret car TOUT EST POSSIBLE!

Jovette Mimeault

5 janvier 2001

Ce phare au loin...

Mon petit cœur,

C’est encore flou dans ma tête mais dans mon cœur, je perçois quelque chose de neuf, de beau.

Souvent je me suis perçue comme un bateau à la dérive, sans destination particulière. Perdu dans les brumes. Notre rencontre a dissipé ces brumes et tu m’as permis d’apercevoir au loin cette lueur. Ce phare ! Même si la frustration de ne pas t’avoir à mes cotés physiquement m’envahit souvent et me fait pleurer, rager, j’aperçois au loin cette lumière.

Encore une fois je voudrais te dire sincèrement merci.

Merci de me faire découvrir ce nouveau chemin, celui de la rencontre avec moi-même.

mercredi 27 juin 2007

Mon désir de toi

Encore cette maudite tristesse ce matin. Ca dégouline, ça m’envahit, ça m’assomme. Pour démarrer la journée on a vu mieux comme petit déjeuner !

Leitmotiv de ce début de journée : « Je ne comprends pas ». Je ne veux pas comprendre ! Je ne veux pas prendre avec moi (com-prendre) cette souffrance. Et pourtant je n’ai pas le choix. Personne ne peut le faire à ma place.

Tristesse ou frustration ?

Je déteste être frustrée. Il parait que la frustration naît d’un désir non assouvi. J’en étais bien consciente. Tellement consciente que j’en étais devenue frileuse : Ne surtout pas trop désirer ….Sinon….Attention ! « Madame Frustration » et son cortège de souffrances risquent de poindre le bout de leur nez.

Qu’est ce que je désirais au travers de toi mon amour ?

Interroger le manque généré par ton absence physique définitive m’aidera t il à répondre à cette question ? La réponse est dans la question, certains diront.

Début de réponse. En vrac : Concrétiser cet amour que je ressens pour ton père. Partager un projet commun avec lui. Etre une femme. Aimer d’un amour inconditionnel. Prendre soin. Apprendre. Découvrir. Etre fière. Etre responsable…Vivre ?

Tous ces désirs sont ils impossibles sans toi ? Non je ne le pense pas. Etait ce trop lourd pour toi de répondre à tous ces besoins, toutes ces attentes ? Peut-être…

As-tu choisi de partir si tôt pour m’aider à assumer mes désirs ?

As-tu choisi de partir si tôt pour m’aider à grandir ?

Ca fait mal de grandir.

vendredi 22 juin 2007

J'ai peur....

Maman est envahie par la peur ce matin.

Peur de sombrer dans la folie, la dépression, la douleur insurmontable.

Peur pour ma santé, celle de ton père.

Peur de ne plus pouvoir avoir d’enfant, de devoir faire ce deuil là aussi.

Peur de ne pas avoir la force, les ressources pour vivre avec cette blessure profonde.

Peur d’être enfermée à jamais dans la tristesse.

Peur de perdre ton père.

J’entends que certaines mamanges n’ont plus peur de la mort. Moi j’en ai terriblement peur. J’ai peur de mourir avec des regrets, ceux de ne pas avoir vécu, profité de ma vie.

Avec ton départ, je réalise comme la vie est belle et mérite d’être vécue pleinement. Que c’est à moi de saisir chaque petit moment de bonheur furtif et de les savourer, d’en prendre soin comme des joyaux.

Je ne sais pas si je peux te demander de m’aider.

C’était à moi de te rassurer, de te réconforter et me voilà, à te demander de le faire avec moi.

C’est le monde à l’envers.

J’ai eu une longue conversation hier soir avec une amie qui a perdu son petit garçon de la mort subite il y a trois ans d’ici. J’ai pu ressentir toute la douleur encore présente chez elle. Même si j’ai pu constater que l’on vivait différemment les choses, je la sentais encore tellement tourmentée.

Ca m’effraye beaucoup.

Est-ce que le pire m’attend ? Est-ce que cet élan de vie que je ressens n’est qu’une réaction de survie pour supporter le choc et qu’il va s’estomper au fil du temps ? La souffrance va-t-elle me rattraper, m’engluer ? Est-ce que je me voile la face ? Suis-je trop optimiste ? Dois je rester sur mes gardes ? Je ne sais qu’en penser.

J’en ai parlé brièvement avec ton père ce matin avant qu’il ne parte au travail. Il a tenté de me/se rassurer en me disant qu’on n’était pas les mêmes, que l’on avait pris un autre chemin. Ca ne m’a pas spécialement rassurée. Qu’en sait-on ? Que sait-on du chemin que l’on va prendre, des obstacles sur lesquels on va buter ?

Là aussi il me faut lâcher prise, me faire confiance.

Je doute, j’hésite.

J’ai peur.

mercredi 20 juin 2007

Petit bout de né....

Tu aurais dû naître aujourd’hui (selon le document du gynécologue).

Tu n’es plus dans mon ventre depuis presque un mois.

Voici des photos de ma grossesse. Elles datent du 10 mai 2007.

Longtemps j’ai insisté pour que ton père prenne ma bedaine en photo.

Pour le taquiner, je lui disais que s’il traînait trop, ce serait trop tard, j’aurais accouché.

Deux semaines plus tard, tu sortais le bout de ton nez hors de mon ventre.

Petit bout de nez tout froid est sorti.

Beaucoup m’ont dit que j’étais belle, enceinte.

Ils me percevaient épanouie.

Je l’étais.

Ce soir, j’emmène ton père au restaurant.

J’ai envie de passer une belle journée avec lui en ton honneur.

Les mots me manquent en ce jour.

Tu me manques.

Je t’aime.

dimanche 17 juin 2007

Il y aura un avant et un après Timothée

Déjà / seulement ( ?) le 17 juin…

J’ai perdu complètement la notion du temps. Il s’est comme arrêté la semaine du 21 mai.

Pendant ma grossesse, je décomptais les semaines avant ton arrivée. Plus que 8 semaines, 6, 3…Maintenant, le calcul est inversé. Une semaine, 2, 3, se sont écoulées depuis que tu nous as quitté physiquement.

Nous entamons cette semaine de juin qui devait être si belle, si douce.

Cette semaine où nous aurions annoncé ta naissance, où nous aurions répondu nonchalamment, machinalement, que le bébé et la maman se portaient bien.

Te portes tu bien ? Souvent je me le demande. Cette question risque de rester à jamais sans réponse. C’est abominable pour une maman de ne pas savoir comment se portent ses enfants. Tu étais si petit. Qui va te protéger ?

Pendant ma grossesse, j’ai souvent entendu que les enfants, ça changeait une vie, que plus rien ne serait pareil quand tu serais là parmi nous. Tu es là. Autrement. Notre vie ne sera effectivement plus la même. Nous avons eu le privilège de te rencontrer, nous avons fait un petit bout de chemin ensemble. Nous aurions tellement souhaité qu’il soit plus long. Mais tu as fait le choix de prendre une autre direction.

Quand on décide de concevoir un enfant, on accueille un petit être qui deviendra autonome, qui posera des choix de vie qui lui appartient. Tu as posé un choix. Celui de passer 8 mois dans mon ventre, pas un jour de plus. J’accepte ce choix. Il me fait souffrir car il n’est pas ce que j’avais imaginé. Il nécessite que je m’adapte.

Comme annoncé, il y a un avant et un après Timothée.

Je t’aime tellement.

Ta maman.

mardi 12 juin 2007

Cet immense vide...

Je me sens vide mon cœur, ce matin. Je suis envahie par ce vide immense, celui de ton absence. Faible aussi. Si faible, si fragile. En miettes.

Des paroles de chanson tournent en boucle dans ma tête depuis que tu es parti : une chanson italienne dont le refrain se limite à « Ti amo », deux lignes de Mylène Farmer : « Rien n’a de sens », « Tout est chaos ». Je n’aime pas ces chansons, mais ça tourne, tourne. Comme un disque rayé qui ne peut s’arrêter.

Il parait que ces airs, paroles lancinantes reflètent notre état d’esprit.

Tu me manques terriblement.

Cela faisait deux jours que j’avais l’impression d’aller un peu moins mal. Deux jours de répit. Deux jours pour reprendre un peu d’air. Aujourd’hui, rechute. Re plongeon en apnée dans les abysses de la tristesse, de la douleur et du non sens. Mes larmes coulent. Tout mon être crie cette douleur indescriptible. Rien ne peut soulager cette souffrance. Il ne me reste plus qu’à lâcher prise, la laisser me traverser, me transpercer, me vider encore un peu plus de mon énergie. Cette douleur m’épuise.

Un souvenir hante mes pensées. Il y a trois semaines exactement, le mardi précédant cette terrible visite chez le gynécologue, cette journée où je ne t’ai plus senti bouger. Un couple d’amis est passé chez nous avec leur petit garçon nous annoncer qu’il attendait un deuxième enfant. Nous avons débouché une bouteille de champagne pour fêter l’évènement. Je me souviens leur avoir dit que je ne te sentais plus bouger, que cela m’inquiétait un peu. J’ai agité gentiment mon ventre pour que tu te réveilles, pour que tu me donnes un petit coup de pied. En sachant ce que je sais à l’heure actuelle, ce souvenir me déchire le cœur. Cette insouciance avec laquelle j’ai secoué mon ventre alors que tu t’étais déjà endormi à jamais. Cette bouteille de champagne pour fêter une future naissance alors que tu n’étais plus vivant.

Ce jour là aussi, j’étais allée au magasin te choisir des jouets, faire ta liste de naissance. Des jouets en bois, des livres en carton, des cadres pour ta chambre. J’avais demandé qu’on les mette de côté pour être sûre que personne ne les prenne. Tout restera au magasin. Ce sera pour d’autres enfants, d’autres parents. Ca me semble tellement injuste. J’ai l’impression qu’on m’a volé mes rêves, mes projets…mon enfant. Il n’y a personne à qui réclamer justice, devant qui faire valoir ses droits. Je peux juste crier ma douleur à ceux qui veulent bien l’entendre. Je ne peux rien attendre de plus.

Donne moi, mon cœur, la force de supporter cette journée qui s’annonce difficile.

Ta maman qui n’a cesse de t’aimer.

lundi 11 juin 2007

Première journée, seule dans ce grand appartement

Première journée sans ton papa qui est retourné travailler. Je redoutais cette journée qui finalement s’est plus ou moins bien déroulée.

J’ai reçu de nombreux sms, appels téléphoniques, cartes de personnes qui nous aiment et nous soutiennent. Ca me réchauffe le cœur à chaque fois. Je leur en serai éternellement reconnaissante. J'ai regardé les photos de ta petite bouille, comme pour me donner un peu plus de force. Ta mamy (ma maman) m'a dit hier qu'elle les regardait souvent aussi.

On s'était tous réunis (ton papa et moi, mes parents, ton oncle et ta tante et ton cousin Mattéo ainsi que ton parrain, mon petit frère) pour la fête des pères. Ma maman n'a pas oublié de la souhaiter à ton père et lui a offert un livre (l prophète de Gibran). J'étais touchée par la spontanéité du geste. Elle n'a pas semblé hésiter l'ombre d'une seconde. Ce geste simple était un merveilleux cadeau, celui qui reconnait ton existence, notre nouveau statut de parents.

De nouveau, ton papa a pas mal joué avec ton cousin Mattéo. Maman me faisait remarquer que j'aurais eu deux enfants à la maison. C'est vrai que ton père est un peu "jouette". Il est si craquant avec les enfants. Je l'adore.

Je t’aime mon petit soleil.

dimanche 10 juin 2007

Lettre à mon fils (auteur : ton papa)

Voici le texte que ton papa a écrit pour toi.

Je me sens prête à le partager avec le monde entier.

Lettre à mon fils

Timothée,

Mon ange, mon amour, mon petit bonhomme,

Quand tu es né, je me suis retrouvé assourdi par ton silence. Mais tu étais là… De tout ton corps… Je n’avais que mes larmes pour te parler, et toi, tout ton silence pour m’écouter. Et tu le sais, je pleure encore…Surtout le soir, à l’heure où, sur la pointe de l’âme, je descends dans ce petit endroit de mon cœur, ce petit coin tout chaud, tout doux, où tu t’es installé, fort, bien vivant et disponible. Tu m’attends, tu me parles. Je te dis mon chagrin et les rêves que j’avais avec toi et ta maman. Toi, tu m’écoutes et, qui sait, peut-être qu’un jour, tu m’expliqueras ton départ et le sens que je dois lui donner ?

Tu es là. Différemment, mais tu es là. Maintenant, c’est par la lune que tu me regardes, c’est par le vent et les nuages que tu me parles, par le soleil que tu me souris, par les arbres que tu me donnes la force et par la terre que tu me portes. Tu es là tout autour de nous.

Je voulais encore te dire merci pour ta présence, certes trop brève, mais tellement intense, tellement vivante. Merci pour la si belle image de toi que tu nous as laissée. Merci d’avoir pu te prendre dans mes bras et te serrer contre moi. Merci pour tout ce que tu nous as donné et que, j’en suis sûr, tu nous donneras encore.

Merci, mon bel ange Ton papa et ta maman qui t’aiment.

La fête des pères

Aujourd’hui c’est la fête des pères…

J’ai terriblement envie de la souhaiter à ton papa.

J’hésite.

Ce mois de juin va être très difficile pour ton papa et moi. Beaucoup de dates symboliques : cette fête des pères aujourd’hui ; le 15 juin qui était pour moi la date à laquelle tu allais naître ; le 20 et 25 juin, les deux dates du terme. Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait deux dates. Depuis les premières consultations, le gyné m’avait toujours annoncé le 25 juin comme la date du terme. Quand il a commencé à remplir la carte à remettre à la maternité lors de l’accouchement, il a inscrit le 20 juin. J’ai découvert ces deux dates différentes début mai et je n’ai jamais eu l’occasion de lui demander le pourquoi. Dans mon esprit j’avais l’impression que tu viendrais de toute façon plus tôt, vers le 15.

Une autre date est celle de l’anniversaire de ton papa, le 24 juin. Il ne voulait pas que tu naisses le 24, pour que tu ne lui « chipes » pas sa date d’anniversaire. Moi je lui répondais que tu serais le plus cadeau d’anniversaire que je ne pourrais jamais lui faire.

(…)

Tu es un magnifique cadeau d’anniversaire, mon cœur.

Maman

samedi 9 juin 2007

21,23,25...

Hier, papa et moi sommes allés chez notre conseillère conjugale qui a eu la gentillesse de nous recevoir en urgence. Nous en avions tous les deux besoin. Ton papa a pu parler de son petit bonhomme, toi ! Il a pris la décision de voir quelqu’un en individuel pour pouvoir être accompagné dans ce qu’il vit. Ton père parle peu de ce qu’il ressent mais quand il le fait, je le trouve tellement juste et authentique.

A l’heure où deux semaines auparavant, malgré la péridurale, je sentais des contractions du coté gauche, j’ai ressenti des petits lancements dans l’utérus. Les organes ont-ils une mémoire ? J’expliquais à ma psy que trois dates étaient gravées dans ma mémoire et dans mes tripes : le lundi 21 mai, date à laquelle je t’ai senti bouger pour la dernière fois dans mon ventre, le 23 mai, jour où on a découvert que ton cœur avait cessé de battre et le 25 mai, jour où tu as pointé ton bout de nez hors de mon ventre. La plus terrible des dates est la première, le 21. J’ai beaucoup de mal à y penser. Elle m’arrache le cœur. Ce jour là j’ai eu un pressentiment que quelque chose de louche se passait. Une sensation jamais ressentie jusque là. Comme un hoquet trop rapide. J’ai pensé aux convulsions mais j’ai tenté de me rassurer en écoutant cette petite voix qui me conseillait de ne pas me tracasser, de faire confiance. Maintenant, j’accepte l’idée que je n’aurais rien pu y faire. Tu m’as dit au revoir à ta façon.

J’ai reçu un appel téléphonique d’un ami qui venait aux nouvelles, voir si tout allait bien, si ma grossesse se passait bien, si je n’avais pas déjà accouché. J’ai dû l’informer de la terrible nouvelle. Il était choqué, n’avait cesse de me répéter que c’était horrible. J’ai mal au cœur et aux tripes quand je vois, j’entends la terreur que l’annonce de ton départ provoque chez chacun. Cela réveille chez moi cette immense douleur. Je me suis toutefois surprise à lui dire que malgré cette douleur, tu m’avais transformée, que je n’étais plus la même, que tu m’avais envoyé de nombreux messages d’amour, un élan de vie. J’en arrive à consoler les gens, à les rassurer. Je ne veux pas que tu sois synonyme d’effroi et de tristesse. Tu es source de si belles choses.

Parfois je me lève en pleurant, je laisse échapper ma colère, mon impuissance par des « pourquoi ? », par des « si… » étouffés dans l’oreiller. J’accepte difficilement ces moments, même si je sais qu’ils font partie du processus, du long chemin, j’ai chaque fois le sentiment de faire marche arrière. Ils me rappellent que la blessure est encore béante, qu’elle est bien loin d’être cicatrisée.

Je t’adore, mon bébé

Ta maman

jeudi 7 juin 2007

Prête à t'accueillir

Papa et moi sommes allés hier soir chez ton oncle et ta tante. Ton cousin Mattéo était en pleine forme. Il jouait beaucoup avec ton papa au ballon, ton papa lui chantait des chansons. C’était tout mignon mais j’avais le cœur serré en pensant qu’il ne pourrait jamais faire tout cela avec toi. J’ai parlé de toi, de ma grossesse avec ta tante Natalina, avec sérénité, douceur. Parfois je me laissais aller à un peu de cynisme, c’est une manière pour moi d’exprimer ma colère, ma culpabilité, ma tristesse. C’est un plaisir pour moi de parler de toi, il est important pour moi de le faire, de te rendre vivant aux yeux de chacun. Tu es bien loti dans mon cœur mais je voudrais que tu le sois dans celui des autres aussi. Mon petit ange, comme je t’aime…je suis débordante d’amour pour toi.

Quand tu es sorti de mon ventre, que j’ai pu te prendre dans mes bras, t’embrasser, tu m’as offert un merveilleux cadeau : la conviction que je voulais être mère. Au plus profond de mes entrailles, j’en suis certaine. Ce serait un honneur pour moi d’élever un enfant avec ton père. Un honneur, car donner la vie est un cadeau inestimable. Je le réalise seulement maintenant.

Je sais que c’est prématuré de penser à une prochaine grossesse. Partout j’entends, je lis qu’il ne faut pas refaire un enfant trop vite. Le corps de maman doit se remettre de la grossesse et de l’accouchement. Je me sens forte et extrêmement fragile tout à la fois. Je sens que je suis fatiguée, par la grossesse, l’accouchement et toutes ces émotions qui me traversent depuis ton tragique départ. Il faut laisser de la place au processus de deuil. Ne pas remplacer une grossesse et un bébé par d’autres. Dans ma tête et dans mon coeur, il me parait impossible de te remplacer. Tu es unique, les moments partagés avec toi dans mon ventre sont uniques.

Je me sentais prête à t’accueillir. Même si parfois ton départ prématuré me fait douter. Comme je suis à l’affût du sens, des messages que tu as voulu nous léguer. Il m’arrive de penser que tu nous invites à réfléchir, à nous pencher sur ce désir d’enfant, sur la place que tu prenais dans notre couple. Peut-être devons nous approfondir ces questions avant d’envisager de te donner un petit frère ou une petite sœur ?

Te porter dans mon ventre a été un moment merveilleux, aucun problème, pas de soucis de santé sauf la prise de poids qui contrariait le gynécologue de maman. Tu ne bougeais pas trop, juste assez pour rassurer maman, pour lui montrer que tu étais plein de vie dans mon bidou. Jamais je n’ai été réveillée au milieu de la nuit par tes mouvements. Tu laissais maman dormir. C’était la grossesse parfaite. Merci mon cœur pour ces magnifiques mois. Je peux affirmer que c’étaient les plus beaux instants de ma vie. Cette fusion, cette plénitude.

Je t’aime mon petit bouchon.