
Le 06 octobre 2006….Je me souviens, c’était un vendredi.
Deux jours auparavant, nous recevions un couple d’amis. Toute la journée, ils s’étaient tus, ils avaient gardé leur secret. Le soir venu, bouillonnants, la bouteille de champagne à la main, ils nous annoncent la merveilleuse nouvelle : petit Victor est là, bien au chaud dans le ventre de sa maman. Nous nous attendions à tout sauf cela. Ils se connaissent depuis peu. Ils n’ont jamais parlé d’avoir un enfant. Mon étonnement est à la mesure de la surprise : gigantesque ! Je suis heureuse pour eux, sincèrement, authentiquement. N’ignorant pas notre galère, ils ont beaucoup hésité à nous l’annoncer. Depuis 10 mois que nous essayons d’avoir un enfant, c’est la première fois que je peux accueillir une telle nouvelle, sans envie, sans amertume. Ils sont ravis. Même moi, je suis très étonnée de ma réaction. Ton père est très ému, son meilleur ami, son ami d’enfance, cet être exceptionnel à ses yeux va être papa !
Le surlendemain, au petit matin, en boule dans mon lit, je pleure. Ce sont des larmes de rage, d’envie, de désespoir. Pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi je n’ai pas le droit d’être maman, comme des milliers d’autres femmes sur cette terre ? Ton père n’a pas de réponse. En guise de réconfort, il me serre dans ses bras. Nous nous aimerons très fort ce matin là….
Ce matin du 06 octobre 2006, tu t'es logé dans mon ventre, tu as fait de nous des parents….
Un an plus tard, jour pour jour, telle une ironie du sort, c’est la fête des anges ! Je ne sais quoi penser de cette coïncidence de calendrier.
Nous n’irons pas à cette fête. Nous avons fait ce choix. Nous ne sommes pas prêts. Par pudeur, par peur... Un ballon s’envolera pour toi, petit bout de nous.
Voici le petit mot qui accompagnera ton ballon :
Timothée,
Un ballon, Une bulle, Une pensée…
Un ballon comme le ventre de ta maman, il n’y a pas si longtemps de ça
Un ballon comme celui avec lequel tu aurais joué avec ton papa
Ce sera là-haut que tu t’en serviras
Un ballon,
Une bulle, comme celle de chagrin qui nous sert la gorge quand nous pensons à toi.
Un ballon, une bulle,
Une pensée d’amour qui ne nous quitte pas.
Ton papa et ta maman qui t’aiment.
