Bienvenue sur ce blog très intime.Ce blog a vu le jour peu après la naissance de mon fils Timothée.

Timothée est né, sans vie, le 25 mai 2007 à 37 semaines de grossesse.

Telle une porte ouverte sur mon âme meurtrie, vous y trouverez les mots que j'adresse à mon fils.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires. Ils m'aideront à cheminer.


jeudi 26 juillet 2007

Oh maman si le ciel pouvait t’entendre !

Enorme cafard ce matin. Ta grand-mère (ma maman) m’a envoyé un petit mot hier soir très tard. Elle était très triste. Deux mois déjà …me rappelait-elle. Elle aussi pleure ton départ. Elle aussi regrette de ne pas pouvoir te dorloter, te pouponner, m’aider à t’éveiller à la vie. S’ajoute à cette inconsolable tristesse la peur pour ma santé. Peur d’une mère pour son enfant. Sentiment que je ne ressentirai jamais pour toi mon tout petit.

(…)

« Je viens de recevoir le résultat de l’anatomopathologie de votre placenta. On retiendra essentiellement la présence d’une hémorragie de la paroi des deux artères ombilicales avec deux infarctus multiples récents au niveau du placenta. Je pense donc qu’il faudra retrouver, au niveau de ces phénomènes d’hémostase perturbée, l’origine de l’événement que vous avez vécu. Comme je vous l’avais dit il y aura lieu lors d’une prochaine grossesse, de vous placer dès le départ sous aspirine junior ou cardio-aspirine pour éviter que des phénomènes de thrombose ne surviennent à nouveau. » …Voilà les explications médicales de ton départ et les recommandations pour la prochaine grossesse.

Des mots qui effrayent ta grand-mère….qui ravivent trop de mauvais souvenirs : l’angine de poitrine de ton grand père en 2001, son infarctus en 2004 (parce qu’il n’avait pas pris ses médicaments). Sans parler de ton arrière grand père qui en est mort à 54 ans à peine. Méchantes prédispositions familiales qui compromettent ma santé.

Ta grand-mère me supplie de ne pas mettre une seconde grossesse en route sans avoir fait d’examens complémentaires. Elle ne veut pas de Timothée bis….Elle garde toutefois confiance en la vie, est persuadée qu’un petit bout sera un jour dans nos bras.

Oh maman si le ciel pouvait t’entendre !

La foi en la vie me lâche ces derniers jours. De terribles émotions me traversent, aussi morbides les unes que les autres.

Je t’aime maman.

mercredi 25 juillet 2007

Deux mois....

Petit bouchon,

Deux mois….voici deux mois que tu es sorti de mon ventre. Le soleil est au rendez-vous comme ce vendredi 25 mai où j’ai accouché.

Je crois que je commence à comprendre ce que j’ai lu dans ces témoignages de maman qui ont perdu leur enfant : la vie continue insolemment et ce vide est bien là, beaucoup trop présent.

(…)

Nous avions décidé, ton père et moi, de nous retirer deux jours dans une abbaye. Nous recueillir dans le calme, tenter de puiser dans cet environnement, un peu de sérénité, de paix intérieure. Nous avons effectivement trouvé le calme mais l’austérité de l’endroit a réveillé chez moi de mauvais souvenirs….réminiscences de cette éducation judéo-chrétienne étriquée qui a bercé mon enfance et mon adolescence. Je ne sais pas si c’était les dates ou le contexte mais je me suis endormie avec le film de cette douloureuse semaine à l’hôpital qui défilait dans ma tête. Le lendemain matin, ton père me confiait que lui aussi n’avait eu cesse de penser à toi avant de s’abandonner dans les bras de Morphée.

Le repas de midi se prenait en silence. Pendant que j’observais le cadre, les moines, j’ai senti une terrible colère monter en moi : comment ce fameux Dieu pouvait-il laisser faire une chose pareille ? Au nom de quoi se permettait-il de t’arracher de mon ventre ? Cette profonde injustice me coupait l’appétit.

Deux secondes j’ai imaginé partager avec l’un de ces moines mon ressenti. Cette idée s’est envolée aussi vite qu’elle n’est apparue. Qu’allaient-ils pouvoir comprendre, me dire ?....Que Dieu t’a rappelé à lui, que tu es à ses côtés, que je peux être rassurée car il est Amour ? Sans vouloir prétendre rivaliser avec ce fameux Dieu, moi aussi j’étais pleine d’amour pour toi. Vraisemblablement il l’était plus que moi, c’est Dieu qui a gagné. Il ne me restait plus qu’à m’incliner…

Un imposant Christ en bois, crucifié sur sa croix, dominait la salle du repas. A l’aube de mes 33 ans, comme lui, j’avais entamé l’ascension de mon Golgotha, comme lui, on m’avait crucifiée ! Eloi eloi lama sabachthani, a-t-il crié sur la croix. Moi aussi je voulais hurler : Pourquoi fils, m’as-tu abandonnée ?!

Du souvenir que j’ai de mes cours de catéchisme, ce Jésus a demandé à son père qu’il pardonne à ceux qui l’avaient crucifié…ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, paraît-il. Cela signifie-t-il que je doive à mon tour pardonner à ce Dieu qui me crucifie ? Se rend-il compte de la souffrance qu'il me fait endurer ? Est-ce que lui sait au moins ce qu’il fait ?

En ce jour, Dieu…je te hais !

dimanche 15 juillet 2007

La vie ne s'attarde pas avec l'hier

Vos enfants ne sont pas vos enfants.

Ils sont les fils et les filles de la Vie en nostalgie d’elle-même.

Ils viennent par vous mais non de vous.

Et même s’ils sont avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

A vous de leur offrir votre amour, non vos idées,

Car ils ont, eux, leur propres idées.

Il vous revient de donner refuge à leurs corps, non à leurs âmes.

Car leurs âmes habitent le séjour de l’avenir que vous ne sauriez visiter même en rêve.

A vous de faire l’effort de leur ressembler, mais n’essayez pas de les rendre semblables à vous.

Car la vie ne revient pas en arrière.

Et ne s’attarde pas avec l’hier.

(…)

Le Prophète.

Khalil Gibran.

mercredi 11 juillet 2007

Des larmes en guise de mots

Mon tout petit,

Plus de deux heures que je suis devant cet ordinateur. Deux heures que je tente de mettre des mots sur ces larmes qui coulent depuis mon réveil. Rien ne vient. Juste des larmes. Une montagne de mouchoirs usagés commence à s’ériger à mes côtés.

J’aimerais tellement te serrer dans mes bras, te caresser. Quand je regarde ta photo, mes mains voudraient t’extirper hors de cet écran pour t’emmener très loin.

Tu me manques petit bouchon.

lundi 9 juillet 2007

Hasards et coïncidences de la vie...

Mon cœur,

Cela faisait presque une semaine que je me sentais un peu mieux, presque sereine. J’avais rendez vous ce matin chez mon gyné, ce monsieur qui t’a aidé à sortir de mon ventre. Retourner dans son cabinet avec cette masse de souvenirs encore si frais ne m’enchantait guère mais je me réjouissais de le revoir.

Je n’attendais pas grand-chose de ce rendez-vous. Avoir des explications médicales sur ton départ ne soulage pas ma peine. Tu n’es plus là physiquement. C’est avec cela que je dois composer maintenant. Je souhaitais secrètement qu’il me rassure sur ma santé, sur ma capacité physique à accueillir ton petit frère ou ta petite sœur. Il l’a fait.

Pour m’examiner, il m’a demandé de m’installer sur la table, devant cette télé. Celle où ton papa et moi avons pu te voir. Un autre bébé, âgé de 10 semaines, apparaissait sur l’écran. L’image datait du 04 juillet à 8h23. Je regardais l’écran sans émotion particulière, jusqu’à ce que je lise le nom de la maman dans le coin supérieur gauche de l’écran. C’était le bébé de ma collègue ! Celle qui partage mon bureau au boulot ! Je ne savais même pas que nous avions le même gynécologue, encore moins qu’elle était enceinte.

Je comprends mieux …

Elle m’a téléphoné ce fameux mercredi 04 juillet. Nous avons parlé du travail, de comment ton papa et moi vivions ton départ. Malgré notre longue conversation, elle voulait qu’on se voie le lendemain avant qu’elle ne parte en vacances. J’ai décliné l’invitation car j’avais autre chose de prévu. Je n’ai pas pensé lui demander comment elle allait. Maintenant, c’est plus clair :

…Elle souhaitait me l’annoncer en personne…

Les bizhasards de la vie….C’est hallucinant mais celui-ci n’a rien de marrant.

Je sens ce mélange amer de joie, de tristesse, de nostalgie, d’envie qui monte en moi.

Moi qui espérais que le travail m’aiderait à me changer un peu les idées.

Ce ne sera pas facile de la voir s’arrondir jour après jour devant moi.

Je n’ose pas trop y penser.

La vie a décidé de ne pas ménager ta maman.

Je t’aime.

vendredi 6 juillet 2007

Tout est possible

J'aime ce texte.

TOUT EST POSSIBLE

Quand tout te semble irréel. Et, qu'une chape lourde comme le plomb recouvre ta tête et tes épaules pesamment. Quand tu veux t'étendre en pensant ne jamais plus te relever car toutes tes forces se sont liquéfiées. Quand les larmes ne coulent même plus car elles sont endiguées sur le bord de tes paupières et qu'elles stagnent dans la mare de ta désespérance... Oui, quand ta nuit est opaque et que la peur t'étreint le coeur... C'est alors, que ta seule issue est de t'abandonner à quelqu'un ou à quelque chose de plus fort que toi. Tu ne sais pas dire Son nom car tu es comme un pantin désarticulé mais le seul fait d'élever ta pensée est déjà une prière en soi qui prend des allures d'arc-en-ciel!

Oui, tout est possible tant que tu ne te replies pas sur ta peine envahissante tel le foetus en mal de grandir dans l'habitacle de chair devenue trop petite pour lui. Oui, tout est possible si tu attends patiemment comme la chenille de devenir papillon et de déplier tes ailes fripées pour ensuite prendre ton envol. Car, il n'y a pas loin entre ce qui paraît "être" et la vraie réalité! Oui, les apparences sont parfois bien trompeuses...

Tout est possible si tu te donnes du temps. Du temps pour te ressaisir, du temps pour grandir même si c'est petit à petit et que les minutes te semblent des heures! Ce temps ne se mesure pas... Ce temps ne se soupèse pas. Il peut durer le temps d'un orage violent comme il peut se faire brouillard envahissant et pesant... L'important c'est de croire que le soleil va revenir te réchauffer et te faire voir les belles couleurs du paysage de ta vie! Un soleil t'invitant à sortir de ton ombre pour à nouveau marcher dans la lumière!

Tout est possible quand tu comprendras vraiment qu'il y a un monde que tu ne peux saisir. Un monde qui est là mais qui ne t'es pas encore accessible. Un monde où celui ou celle que tu côtoyais est déjà en train de goûter avec plénitude! Tout est possible si tu te donnes la chance d'aller au fond de ton âme pour la sonder et lui donner la chance de s'apprivoiser à ce grand vide qui saura bien se combler matin après matin. L'oiseau reviendra te ravir et la lune brillera à nouveau sur ta vie qui te semble mystérieuse comme la nuit!

Tout est possible si tu fais tomber les barrières qui te limitent et si tu sais contourner le fossé de tes peurs ancrées. Les illusions sont des barrières qui ne demandent qu'à être repoussées les unes après les autres. Tout est possible si tu fais comme si tu tenais une orange dans tes mains. Une orange dont tu dois prendre le temps d'enlever la pelure pour en déguster le fruit-soleil et t'abreuver de son jus!

Mourir à ce qui était. Mourir à ce qui ne sera plus. Mourir pour mieux ressusciter! Recommencer à respirer sans suffoquer. Dormir enfin d'un sommeil plus léger. Avoir faim et avoir soif sont des actions qui reprendront leur rythme mais il ne faut rien bousculer car il y a un temps pour chaque chose et une réconciliation avec la vie ne se fait pas du jour au lendemain!

Donne-toi le temps de dire ta peine, de la crier, de l'écrire, de la sangloter. Peu importe la manière dont tu t'y prendras mais fais-le car elle se retournera vers toi... Ne te retiens pas car plus vite elle sortira et plus vite tu grandiras et te libèreras!

Donne-toi du temps pour te reconquérir. Regarde en avant et prends à pleines mains l'héritage qu'on t'a laissé en partant. Donne-toi l'opportunité de faire la découverte de ce que contient ce coffret si précieux qui n'appartient qu'à toi maintenant. Tu y trouveras un fou rire, un baiser passionné, un mot blessant, une grimace, une poignée de main chaleureuse ou une caresse d'une menotte d'enfant... de doux souvenirs mais parfois aussi des larmes bijoux!

Oui! Tout est possible si tu sais t'étreindre et bercer l'enfant blessé en toi. Écoute sa chanson et lève tes yeux vers les nuages car tu y verras passer la colombe qui saura te laisser son message de paix intérieure par-delà tout ce que l'on peut dire ou te faire accroire... Tout est possible si tu restes à l'écoute de l'impalpable et du mystère de ce départ!

Ne dit-on pas que l'Essentiel est invisible pour les yeux? Moi, je te dis que rien ne se perd et que tout se crée. La vie est une rose que tu as à apprivoiser et tu es responsable de la façon de la saisir et de la humer... C'est mon ange qui me l'a dit! Bientôt ce sera le tien qui te dira son secret car TOUT EST POSSIBLE!

Jovette Mimeault

5 janvier 2001

Ce phare au loin...

Mon petit cœur,

C’est encore flou dans ma tête mais dans mon cœur, je perçois quelque chose de neuf, de beau.

Souvent je me suis perçue comme un bateau à la dérive, sans destination particulière. Perdu dans les brumes. Notre rencontre a dissipé ces brumes et tu m’as permis d’apercevoir au loin cette lueur. Ce phare ! Même si la frustration de ne pas t’avoir à mes cotés physiquement m’envahit souvent et me fait pleurer, rager, j’aperçois au loin cette lumière.

Encore une fois je voudrais te dire sincèrement merci.

Merci de me faire découvrir ce nouveau chemin, celui de la rencontre avec moi-même.