Bienvenue sur ce blog très intime.Ce blog a vu le jour peu après la naissance de mon fils Timothée.

Timothée est né, sans vie, le 25 mai 2007 à 37 semaines de grossesse.

Telle une porte ouverte sur mon âme meurtrie, vous y trouverez les mots que j'adresse à mon fils.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires. Ils m'aideront à cheminer.


samedi 9 juin 2007

21,23,25...

Hier, papa et moi sommes allés chez notre conseillère conjugale qui a eu la gentillesse de nous recevoir en urgence. Nous en avions tous les deux besoin. Ton papa a pu parler de son petit bonhomme, toi ! Il a pris la décision de voir quelqu’un en individuel pour pouvoir être accompagné dans ce qu’il vit. Ton père parle peu de ce qu’il ressent mais quand il le fait, je le trouve tellement juste et authentique.

A l’heure où deux semaines auparavant, malgré la péridurale, je sentais des contractions du coté gauche, j’ai ressenti des petits lancements dans l’utérus. Les organes ont-ils une mémoire ? J’expliquais à ma psy que trois dates étaient gravées dans ma mémoire et dans mes tripes : le lundi 21 mai, date à laquelle je t’ai senti bouger pour la dernière fois dans mon ventre, le 23 mai, jour où on a découvert que ton cœur avait cessé de battre et le 25 mai, jour où tu as pointé ton bout de nez hors de mon ventre. La plus terrible des dates est la première, le 21. J’ai beaucoup de mal à y penser. Elle m’arrache le cœur. Ce jour là j’ai eu un pressentiment que quelque chose de louche se passait. Une sensation jamais ressentie jusque là. Comme un hoquet trop rapide. J’ai pensé aux convulsions mais j’ai tenté de me rassurer en écoutant cette petite voix qui me conseillait de ne pas me tracasser, de faire confiance. Maintenant, j’accepte l’idée que je n’aurais rien pu y faire. Tu m’as dit au revoir à ta façon.

J’ai reçu un appel téléphonique d’un ami qui venait aux nouvelles, voir si tout allait bien, si ma grossesse se passait bien, si je n’avais pas déjà accouché. J’ai dû l’informer de la terrible nouvelle. Il était choqué, n’avait cesse de me répéter que c’était horrible. J’ai mal au cœur et aux tripes quand je vois, j’entends la terreur que l’annonce de ton départ provoque chez chacun. Cela réveille chez moi cette immense douleur. Je me suis toutefois surprise à lui dire que malgré cette douleur, tu m’avais transformée, que je n’étais plus la même, que tu m’avais envoyé de nombreux messages d’amour, un élan de vie. J’en arrive à consoler les gens, à les rassurer. Je ne veux pas que tu sois synonyme d’effroi et de tristesse. Tu es source de si belles choses.

Parfois je me lève en pleurant, je laisse échapper ma colère, mon impuissance par des « pourquoi ? », par des « si… » étouffés dans l’oreiller. J’accepte difficilement ces moments, même si je sais qu’ils font partie du processus, du long chemin, j’ai chaque fois le sentiment de faire marche arrière. Ils me rappellent que la blessure est encore béante, qu’elle est bien loin d’être cicatrisée.

Je t’adore, mon bébé

Ta maman

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu me fais beaucoup penser à moi. Avec toutes les questions et tous les rêves de notre vie de famille qui n'est plus.

Sais-tu ce qui a causé le départ de Timothée?

Tu es forte, continue à lui parler et à sortir tes émotions. Pour ce qui est de moi, ça m'aide énormément d'en parler. Ça rend son passage parmis nous beaucoup plus vrai et pas inutile.

Prends soin de toi.

(message du 09 juin à 14:53)

Cécile a dit…

Le gyné, quand il a vu Timothée sorti de mon ventre, discutait avec l'infirmière. J'ai entendu : thrombus, thrombus du cordon. Le gyné m'a demandé tout de suite s'il y avait eu des accidents cardiovasculaires dans ma famille.

Instantanémént, j'ai répondu : mon père a fait deux infractus et mon grand père lui en est mort, tous les deux à 54 ans.
Il m'a répondu que je devrais arrêter de fumer et pour la prochaine grossesse, prendre de l'aspirine.

Par la suite, les infirmières et un médecin m'ont parlé de syndrome de Leyden, d'un caillot ou d'une torsion du cordon (les tissus se collabent et obstruent le passage). Cordon et placenta sont partis pour être analysés.

Il n'a pas été possible de faire une autopsie, elle aurait été réalisée beaucoup trop tard et elle risquait de ne rien révéler. Je ne tenais pas trop à cette autopsie. Comme une louve, je ne voulais pas que l'on touche à mon enfant.
A tort ou à raison (nul ne sait), nous avons pris la décision, mon compagnon et moi même de ne pas demander d'autopsie.

J'attends de revoir mon gyné pour en discuter avec lui (je le revois dans un mois). Je ne tiens pas spécialement à avoir d'explications sur les causes de la mort sauf pour me prémunir pour la prochaine grossesse et diminuer les risques au max. Si c'est un accident, je ne peux rien y faire, juste faire confiance à la vie.

Voilà tout ce que je connais des causes de la mort de mon Titi.

Merci pour ton message de soutien. C'est fou comme cela fait du bien. :)

(message du 09 juin à 18:32)

Anonyme a dit…

En effet les dates de nos anges sont très prochent et nous avons bcp de points communs dans nos histoires....
Le deuil est long et difficile , avec des hauts et des bas mais petit à petit nos anges nous font avancer , notre amour pour eux nous porte et nous aide chaque jour meme si tt est différent d'avant.je vous envoie tt mon courage dans cette terrible épreuve, je pense fort à vous 3.

céline

(message du 18 juin à 12:06)